Sommaire RET 6

 

NB : Pour lire l’intégralité des articles, voir ci-contre la rubrique Téléchargements.

ARTICLES

1. INGRID BRENEZ

Julius Valérius, auteur du premier Roman d’Alexandre ? La mythologie constantinienne dans les Res Gestae Alexandri Macedonis – p. 1-42.

Résumé : Le plus ancien texte du Roman d’Alexandre à nous être parvenu est le récit latin de Julius Valérius, intitulé Res gestae Alexandri Macedonis et daté du début du IVe siècle. Mais tous les érudits jusqu’à présent croient à l’existence d’un Roman antérieur, qui aurait été rédigé en grec, au IIIe siècle. Il se pourrait cependant que Valérius, haut personnage à la cour de l’empereur Constantin, fût le premier à avoir composé cette Histoire d’Alexandre novatrice. En effet, loin d’être une simple relation décousue d’aventures merveilleuses, ce texte exprime, au travers d’une histoire certes fabuleuse, mais d’une grande cohérence idéologique, les réalités et les enjeux du règne de Constantin, bien plus que de l’époque des Sévères : exaltation de la monarchie absolue voulue par Constantin ; défense et illustration du paganisme, garant d’invincibilité, face au premier empereur chrétien.

2. BASTIEN DUMONT

Les notables municipaux face au pouvoir impérial : une étude historique du discours III de Chorikios de Gaza – p. 43-69.

Résumé : Cet article envisage l’éloge du gouverneur Stéphanos et du dux Aratios du point de vue de sa fonction politique. Le rhéteur Chorikios, qui le prononça, était mandaté par les notables de Gaza. Son discours était avant tout destiné à rappeler les intérêts communs à l’ensemble de ces élites, tels que le maintien de l’ordre et des conditions de la prospérité. Il présente le gouverneur et le dux comme répondant parfaitement à ces attentes, tout en jouant parfois de l’écart existant entre la louange et la réalité pour exprimer des revendications. Ainsi, la manière dont il traite la révolte samaritaine semble suggérer qu’une politique plus conciliante à l’égard des minorités religieuses aurait été souhaitée. Néanmoins, il affirme et montre que les notables de Gaza soutenaient le renforcement de l’autorité du gouverneur sur la province, car il semble qu’à leurs yeux il favorisait un meilleur fonctionnement de la vie politique locale et permettait d’entreprendre davantage de travaux urbains. La capacité de Stéphanos à répondre à ces attentes explique sans doute le succès relatif des réformes administratives de Justinien en Palestine, alors qu’elles échouèrent ailleurs.

3. SIMONE PODESTÀ

Capitone di Licia: considerazioni sul lemma K 342 Adler del lessico Suda – p. 71-81.

Résumé : Capiton de Lycie fut un historien grec, vécu entre le Ve et le VIe siècle ap. J.-C. : les informations sur sa vie sont rares et encore moins sont les fragments survivants de sa production littéraire. Cette contribution veut examiner l’entrée biographique à lui consacrée dans le lexique Souda, en concentrant l’attention sur la genèse et sur les caractéristiques de l’œuvre « Sur la Lycie et la Pamphylie ».

4. SARA TIRRITO
Nota all’Ep. XXV di Enea di Gaza – p. 83-92.

Résumé : L’article propose une nouvelle interprétation de la lettre 25 Massa Positano d’Énée de Gaza, décrivant le fonctionnement d’une roue hydraulique projetée par l’architecte Julien d’Ascalon et installée dans le jardin d’Énée lui-même. L’appareil n’avait pas été clairement identifié jusqu’ici : en effet, le rapprochement avancé autrefois par Loenertz avec une noria n’est pas du tout satisfaisant et il demeure assez générique. La machine d’Énée semble, par contre, correspondre parfaitement à l’une des machines décrites par l’auteur anonyme de l’appendice « Bodleienne » à la Μηχανικὴ Σύνταξις de Philon de Byzance. Un bas-relief de Capoue (IIe/IIIe s.) pourrait constituer, quant à lui, un précédent pour notre roue.

5. AMÉLIE BELLELI

Justine en Jézabel. La fabrication textuelle d’une mauvaise impératrice romaine dans la première moitié du Ve siècle – p. 93-107.

Abstract : As a controversial female character of the end of the 4th century AD, Empress Justina suffers a hostile literary tradition, as the sharp quill of Christian authors is always delivering of her a denigrating portrait. Mainly known for her beauty and opposition to the nicean bishop Ambrose of Milan by the years 384-386, she is considered as an embodiment of the bad Empress. Scrutinising the contemporary evidence of this confrontation between both the empress and bishop, this study aims to demonstrate how, based on Ambrose’s Letter 20 to his sister Marcellina, in which he compares Justina to Jezabel, the later texts carry out a continuous literary trial against this empress. Therefore, the figure of Justina herself is vanishing behind a topical negative character, shaped by the authors, and continuously validated by a repetition of ever similar clichés.

6. MARTA SANCHO I PLANAS

Dynamiques de peuplement durant la transition de l’Antiquité Tardive au haut Moyen Âge au sud des Pyrénées catalanes (Ve – VIIIe siècles) : la fragmentation des modèles – p. 109-134.

Résumé : Nous avons essayé d’établir un cadre d’interprétation qui puisse être utile pour confronter les nouvelles données apportées par la recherche archéologique actuelle à l’étude de cette période complexe de notre histoire. Nous voulons souligner que l’archéologie du monde romain tardif autant que celle de la période médiévale ont suivi récemment un chemin susceptible de nous permettre de définir la période comprise entre la fin du Ve siècle et le début du IXe siècle à partir d’elle-même et par elle-même, ce qui permettra de surmonter le flou historiographique qui, jusqu’à récemment, s’y référait en évoquant soit la fin d’une étape, soit les prémices de l’époque suivante.

7. GIUSEPPE DIMATTEO

Pseudo-Quintilianus, Declamationes minores, 279: Dives speciosi adulter – p. 135-150.

Abstract : This essay offers a revised text, the first Italian translation and a detailed commentary of Pseudo-Quintilian, Declamationes minores, 279: Dives speciosi adulter.

8. BERTRAND LANÇON

De la Violentia morbi au Novum Heliseum. Réflexions sur le De uirtutibus sancti Martini de Grégoire de Tours comme registre de 260 cas pathologiques – 152-183.

Résumé : L’œuvre de Grégoire de Tours – si l’on y annexe la Vita sancti Aridii – contient 780 mentions de maladies et de malades, parmi lesquelles j’ai recensé 596 cas pathologiques précis, individuels ou collectifs. Ceux-ci sont mentionnés pour des guérisons miraculeuses, qui constituent 90% de l’ensemble des miracles évoqués. Avec 249 cas qui se résolvent en guérison, le De uirtutibus sancti Martini, que Grégoire écrivit jusqu’à sa mort, en 593/594, représente 40% de l’ensemble du corpus. Cette quantité de mentions nosologiques fait du De uirtutibus sancti Martini la seule œuvre de la littérature grecque et latine de l’Antiquité tardive à présenter un corpus aussi élevé. Dans ce livre, Grégoire nomme les pèlerins, précise leur région d’origine, leur sexe, parfois leur âge, ainsi que le mal dont ils souffrent. C’est la raison pour laquelle Oronzo Giordano qualifiait judicieusement le livre de « registro sanitario ». On peut donc considérer le DVSM comme un procès-verbal destiné à établir la memoria de la puissance thérapeutique du tombeau de Martin. Source précieuse pour l’étude des maladies et des pèlerins, il est aussi un texte qui, via la sainteté, exalte l’épiscopat comme orchestrateur du culte et, rappelant les récits évangéliques de guérison, réaffirme des éléments fondamentaux de la doctrine catholique, tels l’Incarnation, la Passion et la Résurrection. L’article présente en annexe un relevé prosopographique des malades et une carte de leurs origines géographiques.

9. CATHERINE FAURE

Grégoire de Tours et Aredius. Le dossier de la Vita Aridii abbatis Lemovicini – p. 185-205.

Résumé : Georgius Florentius Gregorius est évêque de Tours de 573 à 594. Comme représentant de l’élite cultivée et chef de l’Église tourangelle, il fait œuvre d’écrivain « pour que le souvenir du passé se conservât » en rédigeant les Dix livres d’Histoires, sept livres de Miracles auxquels s’ajoute la Vie des Pères. Parmi les saints personnages dont il rapporte les vertus, il accorde à plusieurs reprises dans ses écrits, une place particulière à Aredius, son contemporain et son ami, qui a fondé le premier monastère en Limousin à la fin du VIe siècle. Grégoire a écrit une Vita de son ami, qui est insérée dans le Livre X de l’ Histoire des Francs (chapitre 29). Il y propose un modèle de sainteté qui apparente Aredius à Martin et au Christ. Cette Vita sert de noyau à deux amplifications ultérieures, la Vita Prolixior et la Vita Brevior qu’il convient d’étudier au plus près pour essayer de mettre en évidence leur date et lieu de rédaction et comprendre comment le modèle de sainteté proposé par Grégoire de Tours s’est enrichi, de la fin du VIe siècle au milieu du IXe siècle, pour participer au prestige du monastère fondé par Aredius et à la gloire de son fondateur. 

10. HÉLÈNE CAILLAUD

La postérité des œuvres de Grégoire de Tours dans les sources hagiographiques de la province ecclésiastique de Sens (VIe-XIIe siècles) – p. 207-236.

Résumé : Grégoire de Tours est aujourd’hui considéré comme l’historien par excellence de l’époque mérovingienne. Mais qu’en est-il au Moyen Âge ? Le nombre de manuscrits encore disponibles est particulièrement impressionnant et témoigne forcément d’une large diffusion. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il était lu et considéré comme une autorité durant le haut Moyen Âge. L’étude de l’intertextualité, c’est-à-dire l’analyse comparative entre les récits de Grégoire de Tours (hypotexte) avec leur réemploi dans des textes postérieurs (hypertexte) permet de mettre en évidence les différentes méthodes d’utilisation des textes de Grégoire de Tours : de simple référence pour des mentions historiques, il peut devenir, dans certains cas, une autorité qui donne du poids, une légitimité au nouveau texte dans lequel il est inséré. Cette notion d’autorité permet également d’aborder des questions qui sont essentielles pour la connaissance du premier Moyen Âge, à savoir celles des enjeux de l’écriture et de son corollaire qu’est le public de l’hagiographie. Dès lors, l’intertextualité est un champ riche de renseignements pour un large éventail de thématiques sociétales. Au-delà de l’histoire des textes, elle peut renseigner sur des changements intervenus dans la société : ce sont notamment des changements lexicaux entre l’hypotexte et l’hypertexte, qui correspondent à des modifications de normes ou à des courants réformateurs. Cela témoigne du souci des auteurs d’adapter leur texte aux besoins de leur temps et de leur public. Cet examen de la postérité textuelle de Grégoire de Tours porte ici sur les textes hagiographiques de la province ecclésiastique de Sens entre le VIe et le XIIe siècle.


BULLETIN CRITIQUE

1. STANISLAS KUTTNER-HOMS

L’œuvre de l’empereur Julien dans les études littéraires et rhétoriques récentes (2000-2017) – p. 237-254.

2. MARIO LENTANO – VALENTINA ZANUSSO

Ditti Cretese e Darete Frigio: rassegna degli studi (2005-2015) – p. 255-296.